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7 mai 2010 5 07 /05 /mai /2010 10:37

Pour rappel, le quatrième et avant-dernier faux argument contre la hisbah est :

4 - On doit abandonner la hisbah pour ne pas tomber dans la fitnah

Certains musulmans prétendent qu'ils ne pratiquent pas la hisbah car elle ne ferait qu'amener la fitnah, c'est-à-dire le désordre et les problèmes.

L'auteur donne 4 réponses, voici les deux dernières :

 

c/ ce faux argument contredit les exhortations prophétiques

Le prophète nous a interdit de craindre, quand on agit pour Allâh, le blâme du blâmeur. On ne doit pas, juste par crainte pour soi ou pour ses biens, arrêter de pratiquer la hisbah. C'est ce que rapporte l'Imâm Ahmad selon Abû Sa'îd Al-Khudhriyy : " Que la peur des gens n'empêche pas un homme de parler de la vérité s'il la connait et si c'est nécessaire. " Car " On ne sera pas plus proche de la mort ni plus riche si on dit la vérité ou si on fait un rappel à quelqu'un de puissant. " [1]

d/ ce faux argument va à l'encontre des actes des prophètes et des hommes pieux

Comment comprendre le fait que les prophètes, les envoyés et les hommes pieux aient été persécutés, expulsés de chez eux, combattus ou exécutés juste parce qu'ils appelaient les gens au bien et leur interdisaient la turpitude ? Comment concilier ce faux argument avec le fait que le Prophète, sallallâhu 'alayhi wa sallam, a annoncé la bonne nouvelle à ces hommes pieux en disant par exemple de son oncle Hamzah : " Le maître des martyrs, c'est Hamzah ibn 'Abd-il-Muttalib, ainsi que tout homme qui, pour avoir fait la hisbah à un chef injuste, a été exécuté. "


Il ne faut pas comprendre de tout cela qu'il faut pratiquer la hisbah n'importe comment. Au contraire, il faut peser les choses pour savoir si l'on doit faire la hisbah et comment on doit la faire. Si les inconvénients sont plus importants que le bénéfice qu'on peut en tirer, on ne pratiquera pas nécessairement la hisbah. Mais si les avantages sont notables, il faudra accomplir son devoir de hisbah. C'est l'avis par exemple de Ibn Taymiyyah : " La hisbah est une des plus importantes obligations qu'Allâh a imposées à l'homme et l'un des moyens les plus aimés par Allâh pour se rapprocher de Lui. Mais il est nécessaire que les fruits de cette hisbah soit réels et que les inconvénients ne soient pas plus importants. Si la hisbah va faire plus de dégâts que de bien alors elle n'est pas une hisbah ordonnée par Allâh. " Mais bien sûr, les avantages et les inconvénients sont calculés en fonction de la charî'ah, et par les savants habilités, non pas en fonction de ses passions[2].

 

[1] Hadith authentique chez l'Imâm Ahmad
[2] Voir à ce propos le livre " L'appel au bien et l'interdiction du mal " dans Revification des sciences de la religion de Al-Ghazâliy. Dans ce livre, il présente point par point les cas où la hisbah est obligatoire et les cas où elle ne l'est pas.

 


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15 mars 2010 1 15 /03 /mars /2010 12:04
Pour rappel, le quatrième et avant-dernier faux argument contre la hisbah est :

4 - On doit abandonner la hisbah pour ne pas tomber dans la fitnah

Certains musulmans prétendent qu'ils ne pratiquent pas la hisbah car elle ne ferait qu'amener la fitnah, c'est-à-dire le désordre et les problèmes.

L'auteur donne 4 réponses, voici la deuxième :

b/ lien entre ce faux argument et l'ignoble excuse invoquée par l'hypocrite Al-Jadd ibnu Qays pour éviter de participer à une bataille

Ce pseudo argument est en réalité exécrable tant il rappelle l'excuse de l'hypocrite Al-Jadd ibnu Qays pour échapper à la bataille de Tabûk. Allâh a révélé la supercherie de cet hypocrite dans des versets qui seront lus jusqu'à la fin du monde. At-Tabariy, ke grand commentateur du Coran, rappelle que le Prophète, sallallâhu 'alayhi wa sallam, pendant les préparatifs pour la bataille, demanda à Al-Jadd ibn Qays s'il allait affronter les Ban-il-Asfar. Al-Jadd lui demanda de l'exempter et de ne point lui faire subir une grande fitnah, une grande épreuve. Il prétexta que tout le monde chez lui savait bien combien il était sensible au charme des femmes et qu'il avait bien peur, s'il rencontrait quelques femmes des Ban-il-Asfar, de succomber et de commettre l'adultère. Le prophète, sallallâhu 'alayhi wa sallam, l'excusa sans discuter, comme c'était son habitude avec les hypocrites. Et c'est à cette occasion qu'Allâh a révélé ce verset à propos de Jadd :

Parmi eux il en est qui disent : " Donne-moi la permission (de rester) et ne me soumets pas à la tentation. " Or, c'est bien dans la tentation qu'ils sont tombés ; l'Enfer est tout autour des mécréants.
Sourate 9, Le repentir, At-Tawbah, verset 49

Il a prétendu craindre un fitnah - celles des femmes - mais est tombée dans une fitnah plus grave encore, en ne pensant qu'à lui, en ne préférant pas la personne du Prophète à la sienne, en refusant de suivre le Prophète, sallallâhu 'alayhi wa sallam.

Celui qui refuse de pratiquer la hisbah sous le prétendu prétexte d'éviter une fitnah qui n'est même pas encore arrivée, subit une fitnah encore plus importante : l'abandon d'une prescription d'Allâh.

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20 février 2010 6 20 /02 /février /2010 12:00
Pour rappel, le quatrième et avant-dernier faux argument contre la hisbah est :

4 - On doit abandonner la hisbah pour ne pas tomber dans la fitnah

Certains musulmans prétendent qu'ils ne pratiquent pas la hisbah car elle ne ferait qu'amener la fitnah, c'est-à-dire le désordre et les problèmes.

Pour répondre à ce quatrième faux argument, l'auteur donne 4 réponses. Voici la première :


a/ c'est l'abandon de la hisbah qui plonge l'homme dans la fitnah

On pourrait demander aux tenants de cette position si le fait de ne pas faire la hisbah augmente bel et bien les risques de fitnah ou si on contraire elle la réduit. Car le Coran et la Sunnah affirment que l'abandon de la hisbah fait plonger les hommes dans la fitnah. Allâh dit dans le verset 25 de la sourate 8, Al-Anfâl, Le Butin :

Et craignez une calamité qui n'affligera pas exclusivement les injustes d'entre vous. Et sachez qu'Allâh est dur en punition.

Al-Baghawiyy et At-Tabariyy rapportent dans leur exégèse de ce verset que Ibnu 'Abbâs, qu'Allâh soit satisfait de lu, a dit : " Allâh a ordonné aux croyants de ne pas fermer les yeux sur le répréhensible car Allâh enverra un châtiment qui touchera le jute comme l'injuste. " " Le juste comme l'injuste " signifie celui qui commet le répréhensible comme celui qui ne le commet pas.

At-Tabarâniyy rapporte dans un hadith - dont les rapporteurs sont des hommes de confiance - que le Prophète, sallallâhu 'alayhi wa sallam, a dit : " Allâh ne châtie pas tout un peuple à cause des péchés que commettent une minorité d'entre eux. Mais si la minorité pratique des péchés et que la majorité ne tente pas de la corriger alors qu'elle le pourrait, alors Allâh détruit la majorité et la minorité. "

L'Imâm Ahmad rapporte ce hadith authentique : " Lorsque ma communauté ne dira pas à l'injuste qu'il est injuste, alors qu'elle le pourrait, elle sera abandonnée. " Le juge 'Ayyâdh explique qu'abandonner la hisbah provoque la colère et l'abandon d'Allâh.

La fitnah ne peut donc être évitée que si l'on pratique la hisbah.
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2 février 2010 2 02 /02 /février /2010 01:06


Chers frères et chères sœurs, les croyants

 

L'être humain est décidément une créature bien spéciale. Complètement à part. Tout le monde le reconnaît. Mais qu'est-ce qui le rend si spécial ? Est-ce que c’est le langage, ou bien la capacité de ressentir des émotions complexes, comme on l’affirme souvent ? 

Ce n'est pas le langage, c’est sûr. C'est vrai que la capacité de transmettre des informations complexes et de les comprendre est une capacité magnifique sans laquelle l'humain ne serait pas ce qu'il est, mais l’homme n'est pas le seul à la posséder. Les anges parlent aussi, comme l'attestent les compagnons du Prophète, sallallâhu 'alayhi wa sallam. Jibrîl, 'alayh-is-salâm, est venu leur apprendre leur religion, l'islam, l'îmâne, l'ihsân. Il a parlé et ils ont compris ses paroles. Directement. Et puis les animaux parlent également. Mais nous ne les comprenons pas. C'est le Coran qui l'atteste : le prophète Sulaymâne, ‘alayh-is-salâm, comprenait le langage des fourmis et parlait aux oiseaux. On pourrait dire : « Oui, mais ça, c’est un miracle ! » C’est vrai, il y a là un miracle, mais c'est le fait qu'un humain comprenne le langage des animaux. Par contre, le langage des animaux est présenté dans la Révélation comme une chose habituelle, et non miraculeuse. Car Allâh dit dans le verset 16 de la sourate 27, An-Naml, Les Fourmis, qu'Il a enseigné à Sulaymâne le langage des oiseaux. Il ne dit pas qu’Il a appris aux oiseaux le langage des humains. Et quand on parle du langage des oiseaux, on parle bien d’un langage élaboré, le seul qui a pu rendre capable, par exemple, la Huppe (al-hudhud) de Sulaymâne d’être une sorte d’éclaireur pour les armées. Il est donc évident, pour le croyant, que la spécificité de l’homme ce n’est pas la capacité du langage.


Ce n'est pas non plus celle de ressentir des émotions complexes, d'ailleurs. Il est exact que l'être humain a la capacité naturelle de ressentir des émotions pour des choses plus complexes que les besoins primaires. Il ne ressent pas d’émotions seulement quand il a faim ou pour se reproduire, non. Il est capable de ressentir des émotions dans des situations abstraites, invisibles, non perçues, ou symboliques, comme de la tristesse de ne pas pouvoir accomplir le pèlerinage, de la peur d’être châtié, de la jalousie pour la nouvelle voiture de son voisin, ou de la joie d’être sélectionné pour faire la Star Académie. Tous les êtres humains ont cette capacité. Ce qui les distingue c'est ce qu’ils vont considérer comme bon et mauvais pour eux. Mais tous les hommes sont sensibles aux choses de la vie : ce qu'ils considèrent bon les rend heureux, et ce qu'ils considèrent mauvais les rend malheureux. C’est une capacité élaborée mais encore une fois l’être humain n’est pas le seul à la posséder, comme en témoignent nos seules sources fiables dans ce domaine : le Coran et les hadiths prophétiques. Par exemple, on sait que notre Prophète, sallallâhu 'alayhi wa sallam, avait pris l'habitude de s'adresser aux compagnons dans la mosquée, appuyé sur le tronc d’un palmier. Pas de minbar d'imam, mais un tronc. Toujours le même tronc. C'est ainsi qu'un jour, comme le mentionnent des hadiths authentiques chez Al-Bukhâriyy et Ahmad, on lui a proposé de lui fabriquer un minbar. Le Prophète a accepté. Mais pas le tronc. Lorsque le Prophète s'est installé sur son nouveau minbar, tout le monde a pu entendre comme des pleurs de bébé venant du tronc. C'était bien le tronc qui pleurait, triste de ne plus pouvoir assister aux sermons ni entendre les invocations qu'il avait l'habitude d'entendre. Le Prophète, sallallâhu 'alayhi wa sallam, a embrassé le tronc pour le consoler comme on console un bébé. Mâ châ Allâh ! On pourra dire que c’est un miracle et non pas une règle générale. En fait, il y a bien un miracle ici. Pas dans le fait qu'un tronc éprouve de la tristesse d'être séparé d'un prophète. Mais dans le fait que les gens tout autour ont pu l'entendre clairement. Il est là le miracle. Qu’un végétal puisse ressentir des émotions de ce type est présenté dans la Révélation comme un fait habituel, naturel et normal. Il n’y a pas que les végétaux d’ailleurs qui sont dotés de cette capacité. Les cieux, la Terre et les montagnes ne supportent pas, comme nous l'apprennent les versets 90-91 de la sourate 19, Mariam, qu'on dise qu'Allâh a un enfant, et ils manquent de peu de voler en éclat et de détruire tout ce qu'ils contiennent ! Alors non, ressentir des émotions si élaborées n'est pas spécifique à l'homme.

Qu'est-ce qui fait donc de l'être humain une créature spéciale ? Eh bien, c'est, brièvement dit, la place de sa propre volonté devant les volontés d’Allâh.


Pour comprendre cela, considérons les deux situations suivantes :

Un homme porte des pierres et, en trébuchant, il laisse tomber l’une d’elles sur le pied d'un collègue.

Un homme porte des pierres et, se saisissant de l'une d'elles, il la laisse tomber sur le pied de son collègue.

Ces deux incidents sont soumis à la volonté Allâh. Cette volonté, les savants l'appellent la volonté créatrice d'Allâh. C'est-à-dire que ces incidents sont arrivés uniquement parce qu'Allâh l'a voulu et parce qu’Allâh les a créés comme Il a voulu. Si Allâh ne l'avait pas voulu, rien ne se serait passé. Et tout ce qui existe est sous la dépendance de cette volonté créatrice : les êtres vivants, leurs idées, leurs pensées, et les êtres non vivants, les objets, les événements, les relations entre les choses… tout. Et les deux situations sont semblables du point de vue de cette volonté-là.

Mais elles sont radicalement différentes d'un autre point de vue. Dans le second incident, l’homme n’est pas soumis à la volonté d’Allâh. Comment ? En Lui désobéissant ! Il faut comprendre que dans la seconde situation, il ne s’agit pas d’un accident mais d’une mauvaise action. L’homme fait exprès de blesser son collègue. C’est volontaire et, comme il n’a aucune raison valable, c’est un mal, une mauvaise action. C’est un mal parce qu’Allâh ne le veut pas. Il l’a interdit. L’homme a voulu blesser son collègue alors qu’Allâh ne le veut pas. Quand on dit « Allâh ne le veut pas », on ne parle pas de Sa volonté créatrice, mais on parle d’un autre type de volonté d’Allâh : Sa volonté « législative ». Donc cet homme aurait pu faire le bien, il a choisi de faire le mal. Il avait le choix et a agi de son propre chef pour aller contre la volonté d’Allâh. Le bien et le mal sont définis, pour nous les croyants, par la charî’ah, la Loi islamique, c’est-à-dire par les ordres et les interdictions d’Allâh. Et Ses ordres et interdictions, c’est cela la volonté législative. Quand Il veut que nous fassions quelque chose, Il nous l’ordonne. Quand Il ne veut pas que nous fassions quelque chose, Il nous l’interdit. Ce qu’Il nous ordonne ou nous permet de faire est un bien, Il l’aime et veut qu’on le fasse. Ce qu’Il nous interdit est un mal, Il ne l’aime pas et ne veut pas qu’on le fasse. Faire ce qu’Allah aime et veut et ne pas faire ce qu’Il n’aime pas et ne veut pas, c’est adorer Allâh. L’adoration c’est donc faire coïncider sa volonté à la volonté législative d’Allâh. Vouloir ce qu’Allâh veut et ne pas vouloir ce qu’Allâh ne veut pas. C’est l’enjeu du test qu’Allâh fait passer à l’homme sur Terre. Mes frères et sœurs, nous sommes là pour ça !

La réelle spécificité de l’homme (et des djinns aussi) est donc là : les autres créatures n’ont aucun autre choix que de faire ce qu’Allâh veut car ils sont soumis à Sa seule volonté créatrice. Ils sont donc exactement comme Allâh veut qu’ils soient et font exactement ce qu’Allâh veut qu’ils fassent. L’homme par contre est soumis entièrement à cette volonté créatrice, sans laquelle rien n’existerait, mais en plus, dans le domaine de sa volonté et de ses intentions, il est soumis en plus à la volonté législative d’Allâh. Là où il est donc unique, c’est qu’il peut, contrairement aux autres créatures, aller contre la volonté d’Allâh dans quelques domaines. Uniquement contre la volonté législative d’Allâh et jamais contre la volonté créatrice d’Allâh, évidemment puisque Seul Allâh peut créer. Un exemple pour éclaircir le propos. Tout ce qu’est et ce que fait la Terre dépend de la volonté créatrice d’Allâh, c’est un point clair. Sa constitution est comme Allâh l’a voulue. Même chose pour son évolution, ses séismes, ses vitesses de rotation et de déplacement, sa trajectoire… tout ce qui la concerne est sous la dépendance de la volonté créatrice d’Allâh. L’homme est soumis lui aussi à cette volonté créatrice. Ses caractéristiques physiques et psychologiques par exemple, la réussite de ses projets, ses rencontres, la date et le lieu de sa naissance, la date et le lieu de sa mort… Il n’a aucun pouvoir là-dessus, il subit c’est tout. Mais dans le domaine de sa volonté et de ses intentions (qui sont avant tout sous la dépendance de la volonté créatrice d’Allâh), il a reçu une mission : il a l’obligation de se soumettre en plus à la volonté législative d’Allâh. C’est-à-dire à Sa loi. Mais Allâh lui laisse la possibilité de ne pas se soumettre. Prenons l’exemple de ses déplacements. Allâh aurait pu, s’Il l’avait voulu, le soumettre uniquement à sa volonté créatrice, comme Il le fait pour la Terre. Il serait allé uniquement où Allâh veut. Mais Allâh a décidé que l’homme aurait le choix, pour ses déplacements, de Lui obéir ou non. Allâh lui laisse donc le choix de se déplacer pour aller à la mosquée ou de se déplacer pour aller à un concert. Sa volonté est libre, il peut avoir l’intention d’aller où il veut. Dans tous les cas, il faut le comprendre, il est soumis à Sa volonté créatrice, c’est-à-dire que, où qu’il aille, quel que soit son choix, cela lui sera possible si et seulement si Allâh en a décidé ainsi et le permet. Mais il peut faire le choix de se soumettre à la volonté législative et d’aller où Allâh aime et veut qu’il aille, comme il peut désobéir et aller là où Allâh ne veut pas et n’aime pas qu’il aille.

Voilà ce que possède les humains (et les djinns) et qu’aucune autre créature ne possède. Une volonté qui a la possibilité de s'opposer aux ordres et aux interdictions d'Allâh, à une volonté d'Allâh, Jalla wa 'Alâ. Et ce qui est extraordinaire, c'est qu'il a conscience  et qu'il sait, quand il fait quelque chose, qu’il est responsable parce qu’il aurait pu faire le contraire. Sa spécificité c’est donc tout à la fois sa volonté propre, la conscience de sa liberté de choix et sa responsabilité devant ses choix.

Tous les hommes sont soumis à la volonté créatrice d’Allâh, mais seuls les croyants, qui croient et qui obéissent, sont soumis à Sa volonté législative. C’est dans ce sens qu’on dit qu’ils sont musulmans. Ils adorent Allâh, font ce qu’Il veut et ne font pas ce qu’Il ne veut pas qu’ils fassent.

Cette particularité du croyant implique une chose très importante : il doit tout le temps patienter. Il doit patienter car il est soumis à la volonté d’un Autre que lui et il doit mettre de côté ses passions, ses pulsions et ses propres envies, sa propre volonté. Et comme il est soumis à 2 types de volontés divines, il doit mettre en œuvre 2 types de patience. Une patience pour accepter la volonté créatrice et une patience pour accepter la volonté législative. Autrement dit, une patience pour accepter ce qu’Allâh a créé et qui est une gêne pour lui, c’est-à-dire les épreuves, et une patience pour accepter d'obéir en permanence, c’est-à-dire l’adoration.

Le croyant a besoin de ces 2 types de patience, souvent en même temps. Quand tout va bien pour lui et qu’il ne rencontre aucun problème, il doit prendre garde à ne pas abandonner sa pratique religieuse ni se laisser aller à la négligence. Il doit patienter pour cela. Et quand il subit une épreuve et rencontre des obstacles, il  doit rester au contact de l'adoration, il doit patienter pour ne pas désespérer, se révolter, penser qu’Allâh est injuste, ou déprimer sans parvenir à oublier la difficulté, et en même temps il doit patienter pour continuer à adorer Allâh malgré les difficultés. Par exemple, patienter quand on perd un enfant ou la santé, ou même son emploi, c’est d’abord accepter la fatalité, supporter la difficulté, pour ne pas craquer et perdre espoir, et ensuite continuer patiemment à pratiquer sa religion comme s’il ne s’était rien passé et ne pas se laisser dépasser par les événements au point d’oublier que nous sommes sur terre pour adorer. Et quand tout va bien, par exemple sur le plan financier, il faut rester vigilant et ne pas profiter de ces facilités pour commettre des péchés qu’on n’aurait jamais faits si on était resté pauvre, comme le gaspillage ou bien pire encore. Donc on doit en permanence faire preuve des deux types de patience.  

C’est pourquoi, toute sa vie, le croyant va chercher à les consolider. Et pour cela, il a besoin d’une méthode et d’arguments. Ibn Qayyim Al-Jawziyyah a donné des clés importantes, pour aider le croyant à supporter les épreuves et l’adoration, dans un livre qu’il a intitulé : Tarîq-ul-Hijratayn wa Bâb-us-Sa’âdatayn, Le Chemin des deux fuites (fuite vers Allâh et fuite vers Son messager) et la porte des deux bonheurs. Ibnul Qayyim, qu’Allâh soit bon avec lui, a dressé une liste de 10 points pour renforcer la patience dans l’adoration, dont nous vous avions présenté la synthèse faite par notre frère Abdelmalik il y a quelques mois et que vous pouvez toujours lire ici : Comment patienter face à la tentation de désobéir à Allâh ?

Ibnul Qayyim a également dressé une liste de 10 points pour renforcer la patience face aux épreuves. C’est encore le frère Abdelmalik qui nous en présente un résumé. Qu’Allâh accepte ses œuvres, les nôtres et les vôtres. Qu’Il nous aide à supporter les difficultés et à lui obéir avec la constance, la science et la conscience qu’Il a données à notre Prophète, sallallâhu ‘alayhi wa sallam, à ses compagnons, ainsi qu’à leurs élèves et aux savants qui ont marché sur leurs pas, notamment Ibnul Qayyim. Âmîne.

Voici ce que nous offre notre frère Abdelmalik :

Bismillâh

Ibnul Qayyim nous dit que pour parvenir à patienter face à une épreuve, il faut comprendre et garder à l’esprit un certain nombre de choses :

  • 1 - Supporter l’épreuve est récompensé par Allâh.
  • 2 - L’épreuve efface les péchés.
  • 3 - Il faut concevoir l’épreuve comme un décret d’Allâh, une chose écrite, avant même la Création, dans la « Table gardée ». Ce décret doit se réaliser. Ainsi, se laisser aller à l’impatience et à l’énervement ne fait qu’augmenter l’épreuve, puisque à la difficulté de l’événement qui nous dérange s’ajoute la difficulté de la réaction d’énervement.
  • 4 - Il ne faut pas oublier le droit d’Allâh sur nous dans cette épreuve. Il est de notre devoir de patienter, ou, selon un autre avis, de patienter et d’être satisfait de ce qui nous arrive. Il faut donc donner à Allâh Son droit, c’est-à-dire se soumettre à Lui dans l’épreuve.
  • 5 - Il faut avoir conscience que cette épreuve, quelle que soit son intensité, est la conséquence d’un péché. Allah dit en effet dans la sourate 42, La Consultation, Ach-Chûrâ, au verset 30 : Ce qui vous touche comme épreuve vient des mauvaises actions que vous avez vous-mêmes faites. Il faut donc revenir à Allâh quand on subit une épreuve car la demande de pardon est le meilleur moyen de se voir délivré d’un malheur. Le grand compagnon et 4e calife ‘Aliyy ibnu Abî Tâlib, qu’Allâh soit satisfait de Lui, a dit : « Le malheur ne descend qu’à cause d’un péché et il n’est écarté que par le repentir. »
  • 6 - Il faut garder à l’esprit qu’Allâh a jugé cette épreuve bonne pour nous, qu’Il l’a choisie et qu’Il nous l’a destinée. La soumission à Allâh, il faut en être sûr à chaque instant, comprend le fait d’être satisfait de ce qu’Allâh a jugé bon pour nous. À défaut d’atteindre ce stade de la satisfaction (ridhâ), il faut impérativement parvenir au stade de la patience, au minimum. Sinon, on tombe dans l’injustice envers Allâh et on en arrive à ne pas Lui donner Son droit.
  • 7 - Il faut également garder à l’esprit que ce malheur est un remède efficace qu’Allâh, qui sait parfaitement où se situe notre intérêt, nous donne. Il faut donc accepter ce médicament et non pas le rejeter en refusant ce qui nous arrive et en ne patientant pas. Sinon, ce médicament ne nous sera d’aucune utilité.
  • 8 - Il faut savoir aussi qu’il y a dans l’acceptation de ce médicament une guérison, une santé, et une disparition de la douleur que nous ne pourrions pas obtenir autrement. Si ce médicament nous semble amer, il faut regarder l’intérêt qu’il y a au final quand on l’accepte. Il faut toujours considérer d’abord son efficacité et son champ d’action. Allâh dit dans la sourate 2, Al-Baqarah, La Vache, au verset 216 : Or il se peut que vous détestiez une chose, alors qu’elle est un bien pour vous ; et il se peut que vous aimiez une chose, alors qu’elle est un mal pour vous. Et Allâh sait, alors que vous ne savez pas. Il dit également dans ce verset 19 de la sourate 4, An-Nisâ, Les Femmes : Or il se peut que vous détestiez une chose alors qu’Allâh y a placé un grand bien pour vous.
  • 9 - Il faut bien comprendre que le malheur qui nous touche n’est pas venu pour nous anéantir mais pour mettre à l’épreuve notre patience. Cela afin de voir si nous sommes dignes de rentrer dans le cercle des bien-aimés d’Allâh ou non. Si nous restons fermes dans l’épreuve et tenons bon, Allâh nous choisira et nous honorera et Il facilitera nos affaires. En revanche, si nous battons en retraite et nous éloignons d’Allâh, le malheur va s’accroître sans même que nous soyons conscients de son accroissement dans un premier temps. Mais petit à petit nous en arriverons à constater que l’épreuve qui nous a touchés aura débouché sur plusieurs autres malheurs. De la même manière, celui qui fait preuve de patience verra son épreuve déboucher sur de nombreux bienfaits.
  • 10 - Enfin, il ne faut pas oublier qu’Allâh éduque Son serviteur dans l’aisance comme dans la difficulté, dans les bienfaits comme dans les épreuves, de manière à ce qu’il apprenne à se soumettre à Lui dans toutes les circonstances. Le vrai serviteur en effet est celui qui se soumet à Allâh quel que soit l’état dans lequel il se trouve. Quant à celui qui adore Allâh uniquement quand tout va bien pour lui, il ne fait pas partie de Ses serviteurs, qu’Il a choisis pour L’adorer. En réalité, si l’homme avait compris qu’il y a autant de bienfaits dans la difficulté que dans l’aisance, il occuperait son cœur à remercier Allâh et sa langue ne cesserait de répéter : « Allâhumma a’innî ‘alâ dhikrika wa chukrika wa husni ‘ibâdatik :  Ô Allâh ! Aide-moi à me souvenir de Toi et à penser à Toi, à Te montrer ma reconnaissance, et à T’adorer de la meilleure façon possible. »

Ces 10 points sont autant de clés qui aident le croyant à patienter dans l’épreuve. Si nous les comprenons de manière profonde, la patience laissera place à la satisfaction, et à la reconnaissance, qui sont des degrés supérieurs. Et il ne peut y avoir de réussite sans l’aide d’Allâh.

Nous cherchons refuge ainsi que pour vous auprès d’Allâh contre les épreuves et les maux qu’Il a créés et nous l’Implorons de nous aider à mettre en pratique nos connaissances et à L’adorer exclusivement.

 


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1 février 2010 1 01 /02 /février /2010 23:51


Chers frères et chères sœurs, les croyants

 

L'être humain est décidément une créature bien spéciale. Complètement à part. Tout le monde le reconnaît. Mais qu'est-ce qui le rend si spécial ? Est-ce que c’est le langage, ou bien la capacité de ressentir des émotions complexes, comme on l’affirme souvent ? 

Ce n'est pas le langage, c’est sûr. C'est vrai que la capacité de transmettre des informations complexes et de les comprendre est une capacité magnifique sans laquelle l'humain ne serait pas ce qu'il est, mais l’homme n'est pas le seul à la posséder. Les anges parlent aussi, comme l'attestent les compagnons du Prophète, sallallâhu 'alayhi wa sallam. Jibrîl, 'alayh-is-salâm, est venu leur apprendre leur religion, l'islam, l'îmâne, l'ihsân. Il a parlé et ils ont compris ses paroles. Directement. Et puis les animaux parlent également. Mais nous ne les comprenons pas. C'est le Coran qui l'atteste : le prophète Sulaymâne, ‘alayh-is-salâm, comprenait le langage des fourmis et parlait aux oiseaux. On pourrait dire : « Oui, mais ça, c’est un miracle ! » C’est vrai, il y a là un miracle, mais c'est le fait qu'un humain comprenne le langage des animaux. Par contre, le langage des animaux est présenté dans la Révélation comme une chose habituelle, et non miraculeuse. Car Allâh dit dans le verset 16 de la sourate 27, An-Naml, Les Fourmis, qu'Il a enseigné à Sulaymâne le langage des oiseaux. Il ne dit pas qu’Il a appris aux oiseaux le langage des humains. Et quand on parle du langage des oiseaux, on parle bien d’un langage élaboré, le seul qui a pu rendre capable, par exemple, la Huppe (al-hudhud) de Sulaymâne d’être une sorte d’éclaireur pour les armées. Il est donc évident, pour le croyant, que la spécificité de l’homme ce n’est pas la capacité du langage.


Ce n'est pas non plus celle de ressentir des émotions complexes, d'ailleurs. Il est exact que l'être humain a la capacité naturelle de ressentir des émotions pour des choses plus complexes que les besoins primaires. Il ne ressent pas d’émotions seulement quand il a faim ou pour se reproduire, non. Il est capable de ressentir des émotions dans des situations abstraites, invisibles, non perçues, ou symboliques, comme de la tristesse de ne pas pouvoir accomplir le pèlerinage, de la peur d’être châtié, de la jalousie pour la nouvelle voiture de son voisin, ou de la joie d’être sélectionné pour faire la Star Académie. Tous les êtres humains ont cette capacité. Ce qui les distingue c'est ce qu’ils vont considérer comme bon et mauvais pour eux. Mais tous les hommes sont sensibles aux choses de la vie : ce qu'ils considèrent bon les rend heureux, et ce qu'ils considèrent mauvais les rend malheureux. C’est une capacité élaborée mais encore une fois l’être humain n’est pas le seul à la posséder, comme en témoignent nos seules sources fiables dans ce domaine : le Coran et les hadiths prophétiques. Par exemple, on sait que notre Prophète, sallallâhu 'alayhi wa sallam, avait pris l'habitude de s'adresser aux compagnons dans la mosquée, appuyé sur le tronc d’un palmier. Pas de minbar d'imam, mais un tronc. Toujours le même tronc. C'est ainsi qu'un jour, comme le mentionnent des hadiths authentiques chez Al-Bukhâriyy et Ahmad, on lui a proposé de lui fabriquer un minbar. Le Prophète a accepté. Mais pas le tronc. Lorsque le Prophète s'est installé sur son nouveau minbar, tout le monde a pu entendre comme des pleurs de bébé venant du tronc. C'était bien le tronc qui pleurait, triste de ne plus pouvoir assister aux sermons ni entendre les invocations qu'il avait l'habitude d'entendre. Le Prophète, sallallâhu 'alayhi wa sallam, a embrassé le tronc pour le consoler comme on console un bébé. Mâ châ Allâh ! On pourra dire que c’est un miracle et non pas une règle générale. En fait, il y a bien un miracle ici. Pas dans le fait qu'un tronc éprouve de la tristesse d'être séparé d'un prophète. Mais dans le fait que les gens tout autour ont pu l'entendre clairement. Il est là le miracle. Qu’un végétal puisse ressentir des émotions de ce type est présenté dans la Révélation comme un fait habituel, naturel et normal. Il n’y a pas que les végétaux d’ailleurs qui sont dotés de cette capacité. Les cieux, la Terre et les montagnes ne supportent pas, comme nous l'apprennent les versets 90-91 de la sourate 19, Mariam, qu'on dise qu'Allâh a un enfant, et ils manquent de peu de voler en éclat et de détruire tout ce qu'ils contiennent ! Alors non, ressentir des émotions si élaborées n'est pas spécifique à l'homme.

Qu'est-ce qui fait donc de l'être humain une créature spéciale ? Eh bien, c'est, brièvement dit, la place de sa propre volonté devant les volontés d’Allâh.

Pour comprendre cela, considérons les deux situations suivantes :

Un homme porte des pierres et, en trébuchant, il laisse tomber l’une d’elles sur le pied d'un collègue.

Un homme porte des pierres et, se saisissant de l'une d'elles, il la laisse tomber sur le pied de son collègue.

Ces deux incidents sont soumis à la volonté Allâh. Cette volonté, les savants l'appellent la volonté créatrice d'Allâh. C'est-à-dire que ces incidents sont arrivés uniquement parce qu'Allâh l'a voulu et parce qu’Allâh les a créés comme Il a voulu. Si Allâh ne l'avait pas voulu, rien ne se serait passé. Et tout ce qui existe est sous la dépendance de cette volonté créatrice : les êtres vivants, leurs idées, leurs pensées, et les êtres non vivants, les objets, les événements, les relations entre les choses… tout. Et les deux situations sont semblables du point de vue de cette volonté-là.

Mais elles sont radicalement différentes d'un autre point de vue. Dans le second incident, l’homme n’est pas soumis à la volonté d’Allâh. Comment ? En Lui désobéissant ! Il faut comprendre que dans la seconde situation, il ne s’agit pas d’un accident mais d’une mauvaise action. L’homme fait exprès de blesser son collègue. C’est volontaire et, comme il n’a aucune raison valable, c’est un mal, une mauvaise action. C’est un mal parce qu’Allâh ne le veut pas. Il l’a interdit. L’homme a voulu blesser son collègue alors qu’Allâh ne le veut pas. Quand on dit « Allâh ne le veut pas », on ne parle pas de Sa volonté créatrice, mais on parle d’un autre type de volonté d’Allâh : Sa volonté « législative ». Donc cet homme aurait pu faire le bien, il a choisi de faire le mal. Il avait le choix et a agi de son propre chef pour aller contre la volonté d’Allâh. Le bien et le mal sont définis, pour nous les croyants, par la charî’ah, la Loi islamique, c’est-à-dire par les ordres et les interdictions d’Allâh. Et Ses ordres et interdictions, c’est cela la volonté législative. Quand Il veut que nous fassions quelque chose, Il nous l’ordonne. Quand Il ne veut pas que nous fassions quelque chose, Il nous l’interdit. Ce qu’Il nous ordonne ou nous permet de faire est un bien, Il l’aime et veut qu’on le fasse. Ce qu’Il nous interdit est un mal, Il ne l’aime pas et ne veut pas qu’on le fasse. Faire ce qu’Allah aime et veut et ne pas faire ce qu’Il n’aime pas et ne veut pas, c’est adorer Allâh. L’adoration c’est donc faire coïncider sa volonté à la volonté législative d’Allâh. Vouloir ce qu’Allâh veut et ne pas vouloir ce qu’Allâh ne veut pas. C’est l’enjeu du test qu’Allâh fait passer à l’homme sur Terre. Mes frères et sœurs, nous sommes là pour ça !

La réelle spécificité de l’homme (et des djinns aussi) est donc là : les autres créatures n’ont aucun autre choix que de faire ce qu’Allâh veut car ils sont soumis à Sa seule volonté créatrice. Ils sont donc exactement comme Allâh veut qu’ils soient et font exactement ce qu’Allâh veut qu’ils fassent. L’homme par contre est soumis entièrement à cette volonté créatrice, sans laquelle rien n’existerait, mais en plus, dans le domaine de sa volonté et de ses intentions, il est soumis en plus à la volonté législative d’Allâh. Là où il est donc unique, c’est qu’il peut, contrairement aux autres créatures, aller contre la volonté d’Allâh dans quelques domaines. Uniquement contre la volonté législative d’Allâh et jamais contre la volonté créatrice d’Allâh, évidemment puisque Seul Allâh peut créer. Un exemple pour éclaircir le propos. Tout ce qu’est et ce que fait la Terre dépend de la volonté créatrice d’Allâh, c’est un point clair. Sa constitution est comme Allâh l’a voulue. Même chose pour son évolution, ses séismes, ses vitesses de rotation et de déplacement, sa trajectoire… tout ce qui la concerne est sous la dépendance de la volonté créatrice d’Allâh. L’homme est soumis lui aussi à cette volonté créatrice. Ses caractéristiques physiques et psychologiques par exemple, la réussite de ses projets, ses rencontres, la date et le lieu de sa naissance, la date et le lieu de sa mort… Il n’a aucun pouvoir là-dessus, il subit c’est tout. Mais dans le domaine de sa volonté et de ses intentions (qui sont avant tout sous la dépendance de la volonté créatrice d’Allâh), il a reçu une mission : il a l’obligation de se soumettre en plus à la volonté législative d’Allâh. C’est-à-dire à Sa loi. Mais Allâh lui laisse la possibilité de ne pas se soumettre. Prenons l’exemple de ses déplacements. Allâh aurait pu, s’Il l’avait voulu, le soumettre uniquement à sa volonté créatrice, comme Il le fait pour la Terre. Il serait allé uniquement où Allâh veut. Mais Allâh a décidé que l’homme aurait le choix, pour ses déplacements, de Lui obéir ou non. Allâh lui laisse donc le choix de se déplacer pour aller à la mosquée ou de se déplacer pour aller à un concert. Sa volonté est libre, il peut avoir l’intention d’aller où il veut. Dans tous les cas, il faut le comprendre, il est soumis à Sa volonté créatrice, c’est-à-dire que, où qu’il aille, quel que soit son choix, cela lui sera possible si et seulement si Allâh en a décidé ainsi et le permet. Mais il peut faire le choix de se soumettre à la volonté législative et d’aller où Allâh aime et veut qu’il aille, comme il peut désobéir et aller là où Allâh ne veut pas et n’aime pas qu’il aille.

Voilà ce que possède les humains (et les djinns) et qu’aucune autre créature ne possède. Une volonté qui a la possibilité de s'opposer aux ordres et aux interdictions d'Allâh, à une volonté d'Allâh, Jalla wa 'Alâ. Et ce qui est extraordinaire, c'est qu'il a conscience  et qu'il sait, quand il fait quelque chose, qu’il est responsable parce qu’il aurait pu faire le contraire. Sa spécificité c’est donc tout à la fois sa volonté propre, la conscience de sa liberté de choix et sa responsabilité devant ses choix.

Tous les hommes sont soumis à la volonté créatrice d’Allâh, mais seuls les croyants, qui croient et qui obéissent, sont soumis à Sa volonté législative. C’est dans ce sens qu’on dit qu’ils sont musulmans. Ils adorent Allâh, font ce qu’Il veut et ne font pas ce qu’Il ne veut pas qu’ils fassent.

Cette particularité du croyant implique une chose très importante : il doit tout le temps patienter. Il doit patienter car il est soumis à la volonté d’un Autre que lui et il doit mettre de côté ses passions, ses pulsions et ses propres envies, sa propre volonté. Et comme il est soumis à 2 types de volontés divines, il doit mettre en œuvre 2 types de patience. Une patience pour accepter la volonté créatrice et une patience pour accepter la volonté législative. Autrement dit, une patience pour accepter ce qu’Allâh a créé et qui est une gêne pour lui, c’est-à-dire les épreuves, et une patience pour accepter d'obéir en permanence, c’est-à-dire l’adoration.

Le croyant a besoin de ces 2 types de patience, souvent en même temps. Quand tout va bien pour lui et qu’il ne rencontre aucun problème, il doit prendre garde à ne pas abandonner sa pratique religieuse ni se laisser aller à la négligence. Il doit patienter pour cela. Et quand il subit une épreuve et rencontre des obstacles, il  doit rester au contact de l'adoration, il doit patienter pour ne pas désespérer, se révolter, penser qu’Allâh est injuste, ou déprimer sans parvenir à oublier la difficulté, et en même temps il doit patienter pour continuer à adorer Allâh malgré les difficultés. Par exemple, patienter quand on perd un enfant ou la santé, ou même son emploi, c’est d’abord accepter la fatalité, supporter la difficulté, pour ne pas craquer et perdre espoir, et ensuite continuer patiemment à pratiquer sa religion comme s’il ne s’était rien passé et ne pas se laisser dépasser par les événements au point d’oublier que nous sommes sur terre pour adorer. Et quand tout va bien, par exemple sur le plan financier, il faut rester vigilant et ne pas profiter de ces facilités pour commettre des péchés qu’on n’aurait jamais faits si on était resté pauvre, comme le gaspillage ou bien pire encore. Donc on doit en permanence faire preuve des deux types de patience.  

C’est pourquoi, toute sa vie, le croyant va chercher à les consolider. Et pour cela, il a besoin d’une méthode et d’arguments. Ibn Qayyim Al-Jawziyyah a donné des clés importantes, pour aider le croyant à supporter les épreuves et l’adoration, dans un livre qu’il a intitulé : Tarîq-ul-Hijratayn wa Bâb-us-Sa’âdatayn, Le Chemin des deux fuites (fuite vers Allâh et fuite vers Son messager) et la porte des deux bonheurs. Ibnul Qayyim, qu’Allâh soit bon avec lui, a dressé une liste de 10 points pour renforcer la patience dans l’adoration, dont nous vous avions présenté la synthèse faite par notre frère Abdelmalik il y a quelques mois et que vous pouvez toujours lire ici : Comment patienter face à la tentation de désobéir à Allâh ?

Ibnul Qayyim a également dressé une liste de 10 points pour renforcer la patience face aux épreuves. C’est encore le frère Abdelmalik qui nous en présente un résumé. Qu’Allâh accepte ses œuvres, les nôtres et les vôtres. Qu’Il nous aide à supporter les difficultés et à lui obéir avec la constance, la science et la conscience qu’Il a données à notre Prophète, sallallâhu ‘alayhi wa sallam, à ses compagnons, ainsi qu’à leurs élèves et aux savants qui ont marché sur leurs pas, notamment Ibnul Qayyim. Âmîne.

Voici ce que nous offre notre frère Abdelmalik :

Bismillâh

Ibnul Qayyim nous dit que pour parvenir à patienter face à une épreuve, il faut comprendre et garder à l’esprit un certain nombre de choses :

  • 1 - Supporter l’épreuve est récompensé par Allâh.
  • 2 - L’épreuve efface les péchés.
  • 3 - Il faut concevoir l’épreuve comme un décret d’Allâh, une chose écrite, avant même la Création, dans la « Table gardée ». Ce décret doit se réaliser. Ainsi, se laisser aller à l’impatience et à l’énervement ne fait qu’augmenter l’épreuve, puisque à la difficulté de l’événement qui nous dérange s’ajoute la difficulté de la réaction d’énervement.
  • 4 - Il ne faut pas oublier le droit d’Allâh sur nous dans cette épreuve. Il est de notre devoir de patienter, ou, selon un autre avis, de patienter et d’être satisfait de ce qui nous arrive. Il faut donc donner à Allâh Son droit, c’est-à-dire se soumettre à Lui dans l’épreuve.
  • 5 - Il faut avoir conscience que cette épreuve, quelle que soit son intensité, est la conséquence d’un péché. Allah dit en effet dans la sourate 42, La Consultation, Ach-Chûrâ, au verset 30 : Ce qui vous touche comme épreuve vient des mauvaises actions que vous avez vous-mêmes faites. Il faut donc revenir à Allâh quand on subit une épreuve car la demande de pardon est le meilleur moyen de se voir délivré d’un malheur. Le grand compagnon et 4e calife ‘Aliyy ibnu Abî Tâlib, qu’Allâh soit satisfait de Lui, a dit : « Le malheur ne descend qu’à cause d’un péché et il n’est écarté que par le repentir. »
  • 6 - Il faut garder à l’esprit qu’Allâh a jugé cette épreuve bonne pour nous, qu’Il l’a choisie et qu’Il nous l’a destinée. La soumission à Allâh, il faut en être sûr à chaque instant, comprend le fait d’être satisfait de ce qu’Allâh a jugé bon pour nous. À défaut d’atteindre ce stade de la satisfaction (ridhâ), il faut impérativement parvenir au stade de la patience, au minimum. Sinon, on tombe dans l’injustice envers Allâh et on en arrive à ne pas Lui donner Son droit.
  • 7 - Il faut également garder à l’esprit que ce malheur est un remède efficace qu’Allâh, qui sait parfaitement où se situe notre intérêt, nous donne. Il faut donc accepter ce médicament et non pas le rejeter en refusant ce qui nous arrive et en ne patientant pas. Sinon, ce médicament ne nous sera d’aucune utilité.
  • 8 - Il faut savoir aussi qu’il y a dans l’acceptation de ce médicament une guérison, une santé, et une disparition de la douleur que nous ne pourrions pas obtenir autrement. Si ce médicament nous semble amer, il faut regarder l’intérêt qu’il y a au final quand on l’accepte. Il faut toujours considérer d’abord son efficacité et son champ d’action. Allâh dit dans la sourate 2, Al-Baqarah, La Vache, au verset 216 : Or il se peut que vous détestiez une chose, alors qu’elle est un bien pour vous ; et il se peut que vous aimiez une chose, alors qu’elle est un mal pour vous. Et Allâh sait, alors que vous ne savez pas. Il dit également dans ce verset 19 de la sourate 4, An-Nisâ, Les Femmes : Or il se peut que vous détestiez une chose alors qu’Allâh y a placé un grand bien pour vous.
  • 9 - Il faut bien comprendre que le malheur qui nous touche n’est pas venu pour nous anéantir mais pour mettre à l’épreuve notre patience. Cela afin de voir si nous sommes dignes de rentrer dans le cercle des bien-aimés d’Allâh ou non. Si nous restons fermes dans l’épreuve et tenons bon, Allâh nous choisira et nous honorera et Il facilitera nos affaires. En revanche, si nous battons en retraite et nous éloignons d’Allâh, le malheur va s’accroître sans même que nous soyons conscients de son accroissement dans un premier temps. Mais petit à petit nous en arriverons à constater que l’épreuve qui nous a touchés aura débouché sur plusieurs autres malheurs. De la même manière, celui qui fait preuve de patience verra son épreuve déboucher sur de nombreux bienfaits.
  • 10 - Enfin, il ne faut pas oublier qu’Allâh éduque Son serviteur dans l’aisance comme dans la difficulté, dans les bienfaits comme dans les épreuves, de manière à ce qu’il apprenne à se soumettre à Lui dans toutes les circonstances. Le vrai serviteur en effet est celui qui se soumet à Allâh quel que soit l’état dans lequel il se trouve. Quant à celui qui adore Allâh uniquement quand tout va bien pour lui, il ne fait pas partie de Ses serviteurs, qu’Il a choisis pour L’adorer. En réalité, si l’homme avait compris qu’il y a autant de bienfaits dans la difficulté que dans l’aisance, il occuperait son cœur à remercier Allâh et sa langue ne cesserait de répéter : « Allâhumma a’innî ‘alâ dhikrika wa chukrika wa husni ‘ibâdatik :  Ô Allâh ! Aide-moi à me souvenir de Toi et à penser à Toi, à Te montrer ma reconnaissance, et à T’adorer de la meilleure façon possible. »

Ces 10 points sont autant de clés qui aident le croyant à patienter dans l’épreuve. Si nous les comprenons de manière profonde, la patience laissera place à la satisfaction, et à la reconnaissance, qui sont des degrés supérieurs. Et il ne peut y avoir de réussite sans l’aide d’Allâh.

Nous cherchons refuge ainsi que pour vous auprès d’Allâh contre les épreuves et les maux qu’Il a créés et nous l’Implorons de nous aider à mettre en pratique nos connaissances et à L’adorer exclusivement.

 

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30 janvier 2010 6 30 /01 /janvier /2010 11:40
Pour rappel, le troisième faux argument contre la hisbah est :

3 - On doit abandonner la hisbah tant qu'on n'est pas parfait dans l'application de l'islam 


L'auteur donne son 4e et dernier contre-argument :

d/ le fait que les gens ne répondent pas à la hisbah d'une adorateur défaillant n'est pas une règle immuable

Bien sûr, lorsque l'appel à l'islam est parfait, c'est-à-dire qu'il est fait par un croyant qui pratique ce qu'il recommande, l'effet est plus grand sur les âmes et conduit plus facilement les gens à se corriger qu'un appel fait par un musulman défaillant dans sa pratique. Mais affirmer que l'appel de ce dernier n'aura jamais d'influence est faux. Le comportement de celui qui cherche à être suivi et obéi n'a pas forcément d'influence sur la réponse des gens.

Combien de prophète, parfaits dans leur pratique, n'ont obtenu que de maigres résultats, y compris chez les leurs ? Le fils de Nûh, 'alayh-is-salâm, n'a pas répondu à l'appel de son père. Le père de Ibrâhîm, 'alayh-is-salâm, n'a pas su profiter de la droiture de son fils. La femme de Lût, 'alayh-is-salâm, n'a pas suivi son époux alors que son comportement étaient d'une pureté incomparable. Les appels du plus parfait des hommes, salallâhu 'alayhi wa sallam, n'ont pas fait flancher complètement le coeur de son oncle Abû Tâlib. Muslim rapporte que de nombreux prophètes, pourtant parfaits dans leur pratique de l'islam, n'ont convaincu personne, ou une personne ou deux.

A l'inverse combien de personnes, qui ne pratiquaient pas ce à quoi elles appelaient, ont eu de nombreux partisans ? Combien de personnes, des personnalités politiques par exemple, prétendant défendre les droits des hommes, la liberté, les droits des travailleurs et des peuples - alors qu'elles étaient les plus rudes avec les gens et les moins concernés par les droits des individus - ont pourtant eu de nombreux adeptes ?

En bref, il ne convient pas d'abandonner la hisbah sous le prétexte qu'on ne pratique pas parfaitement l'islam car il se peut que l'on profite plus du discours de celui qui ne pratique pas très bien que d'un croyant qui est meilleur. Il est même très possible que l'appel au bien fait par un homme qui ne pratique pas correctement soit très profitable à un croyant qui pratique bien et comprend mieux.

Le conseil qu'on donne est alors de continuer à transmettre le message et à pratiquer la hisbah, mais de craindre Allâh pour les manquements dans la pratique et de chercher se repentir et à s'améliorer.
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29 janvier 2010 5 29 /01 /janvier /2010 11:25
Pour rappel, le troisième faux argument contre la hisbah est :

3 - On doit abandonner la hisbah tant qu'on n'est pas parfait dans l'application de l'islam 


L'auteur donne son 3e contre-argument :


c/ prendre ce faux argument revient à nier que la hisbah est obligatoire

Si l'on mettait comme condition à la hisbah que le muhtasib pratique complètement l'islam, obéissant à tous les ordres et évitant tous les interdits, on ne trouverait personne digne, capable de pratiquer la hisbah ! Cela reviendrait donc à nier l'obligation d'appeler à obéir à Allâh et d'interdire de Lui désobéir.

Les savants, de tous temps, ont mis l'accent sur les dangers d'un tel raisonnement. Sa'îd ibn Jubayr a dit : " Si l'homme attend d'être irréprochable pour appeler au bien et interdire le mal, personne ne pratiquera plus la hisbah ! ". L'imâm Mâlik a confirmé cet avis et a ajouté : " Et qui est irréprochable ? ". Al-Qurtubiyy rapporte cet échange entre Mutarrif ibn 'Abdillâh et Al-Hasan Al-Basriy qui lui a ordonné : "
- Exhorte ton frère !
- J'ai bien peur de dire ce que je ne fais pas !
- Qu'Allâh te couvre de Sa bonté ! Qui donc fait tout ce qu'il dit ? Le diable aimerait bien parvenir à ce que plus personne n'appelle au bien et n'interdise le répréhensible ! "


L'imâm At-Tabariyy a également démontré ceci lorsqu'il a dit : " Quant à celui qui dit qu'il ne peut appeler les gens au bien tant qu'il lui reste un défaut, s'il a voulu dire que se corriger est prioritaire pour lui, c'est d'accord ; sinon, il aura fermé les portes de l'appel au bien s'il était le seul avoir les capacités de le faire ! "
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18 janvier 2010 1 18 /01 /janvier /2010 10:33
Pour rappel, le troisième faux argument contre la hisbah est :

3 - On doit abandonner la hisbah tant qu'on n'est pas parfait dans l'application de l'islam 


L'auteur donne son 2e contre-argument :


b/ abandonner une des deux obligations ne justifie pas qu'on délaisse la seconde

Dans les deux obligations que nous mentionnions plus haut, aucune n'est la condition requise pour appliquer l'autre. On recontre ce cas de figure fréquemment. On aurait tort, par exemple, de conseiller à un homme qui prie mais ne jeûne pas d'arrêter de jeûner[1]. C'est l'avis de nombreux savants de l'Islâm. L'Imâm Al-Jassâs a dit : " Il ne faut pas distinguer le bon croyant du pécheur quant aux exigences religieuses qui leur sont imposées. Que l'homme délaisse en effet certaines obligations religieuses ne modifie pas la nature obligatoire pour lui des autres prescriptions religieuses. On comprend facilement que ce n'est pas parce qu'untel délaisse la prière, que le jeûne, ainsi que les autres actes d'adoration, ne sont plus obligatoires pour lui. De même que celui qui ne pratique pas complètement l'Islam et n'évite pas tous les péchés a quand même l'obligation d'appeler au bien et d'interdire le mal. "

L'Imâm Annawâwiy explique tout cela autrement en disant : " Les savants ont affirmé que le muhtasib[2] n'est pas tenu - pour devoir appliquer la hisbah - de pratiquer correctement ce qu'il recommande ni d'éviter ce qu'il présente aux autres comme étant répréhensible. Il doit se conformer à deux obligations : d'une part, s'ordonner le bien et s'interdire le mal à lui-même ; d'autre part, ordonner le bien et interdire le mal aux autres. S'il faillit à l'une de ces obligations, comment lui serait-il autorisé de faillir volontairement à la seconde ? "
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5 janvier 2010 2 05 /01 /janvier /2010 14:46
Pour rappel, le troisième faux argument contre la hisbah est :

3 - On doit abandonner la hisbah tant qu'on n'est pas parfait dans l'application de l'islam

Certains musulmans prétendent que puisque que l'on ne pratique pas parfaitement l'islam, puisque l'on n'évite pas tous les péchés, on n'a qu'à se préoccuper de soi-même pour se parfaire et non pas ordonner aux autres de faire le bien et leur interdire le mal. Leurs arguments qu'ils mettent en avant sont multiples. Ils s'appuient sur des versets qui, selon eux, condamnent celui qui appelle les autres au bien et s'oublie lui-même, comme :

Commanderez-vous aux gens de faire le bien, et vous oubliez vous-mêmes de le faire, alors que vous récitez le Livre ? Êtes-vous donc dépourvus de raison ?
Sourate 2, Al-Baqarah, La Vache, verset 44

Ô vous qui avez cru ! Pourquoi dites-vous ce que vous ne faites pas ? C'est une grande abomination auprès d'Allâh que de dire ce que vous ne faites pas.
Sourate 61, As-Saff, Le Rang, versets 2-3

Ils s'appuient également sur la parole authentique du Prophète, sallallâhu 'alayhi wa sallam, qui a dit selon Al-Bukhâriy : " On amènera un homme et on le jettera dans le feu. Il y sera broyé comme l'âne broie avec la meule. Les gens de l'enfer l'entoureront et lui diront : ' Ô toi ! N'étais-tu pas de ceux qui appelaient les gens au bien et corrigeaient leurs mauvaises actions ? ' Il leur répondra : ' Oui. J'ordonnais le bien sans le pratiquer et j'interdisais le mal mais je commettais les péchés. ' "

Ils s'appuient enfin sur leur raison et le vieil adage arabe qui dit " tu ne peux offrir ce que tu n'as plus[1] " . Ils se demandent qui accepterait d'écouter celui qui appelle au bien sans le pratiquer et celui qui interdit le mal tandis qu'il le commet lui-même.

Pour répondre à ce troisième faux argument, l'auteur donne 4 réponses. Voici la première :

a/ ce qui est blâmé dans les versets et le hadith, ce n'est pas le fait d'ordonner la pratique de l'islam, mais celui de ne pas le pratiquer 

Il y a en fait ici deux obligations indépendantes :


  1. la hisbah
  2. pratiquer soi-même le convenable et éviter le répréhensible

En réalité, les textes utilisés par les tenants de cette position erronnée condamnent non pas la pratique de la première obligation mais bien l'abandon de la seconde. Des individus sont blâmés par Allâh et par Son prophète parce qu'ils se sont oubliés eux-mêmes et parce qu'ils n'ont pas des comportements conformes aux bonnes paroles qu'ils disent aux autres. D'ailleurs, la logique confirme cela. Soit un étudiant qui a réussi son examen de " tafsîr " mais raté son examen de " hadith ". Si cet élève reçoit un blâme, imaginerait-on seulement une seconde que c'est parce qu'il a réussi son examen de " tafsîr " ?

De nombreux exégètes affirment que le blâme dans ces textes est donné pour avoir délaissé la pratique de l'islam, non pas pour avoir pratiqué la hisbah dans ces conditions. Par exemple, l'éxégète andalou bien connu Al-Qurtubiyy dit à propos du verset Commanderez-vous aux gens de faire le bien , et vous oubliez vous-mêmes de le faire, alors que vous récitez le Livre ? Êtes-vous donc dépourvus de raison ? : " Sache, qu'Allâh t'honore, que le blâme ici renvoie au fait d'avoir abandonné les actes pieux, non pas à celui d'avoir appeler les gens à en faire. Ibn Kathîr précise que c'est bien le seul fait d'abandonner les actes pieux qui est condamné ici, non pas le fait d'appeler les gens au bien sans le faire[2].


[1] Fâqid-uch-chay, lâ yu'tîh.
[2] Voir aussi les exégèses de Al-Baydhâwiyy et de Ach-Chawkâniyy.


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24 décembre 2009 4 24 /12 /décembre /2009 08:21
Pour rappel, le deuxième faux argument contre la hisbah est :

2 - On doit abandonner la hisbah dans la mesure où l'égarement des égarés n'a pas d'influence sur nous

L'auteur donne son 3e et dernier contre-argument :


 
c/ Le hadith de Abû Tha'labah Al-Khuchaniyy : un argument contre la hisbah ?

En apparence, ce hadith est un argument pour ceux qui préconisent de cesser de pratiquer la hisbah. Abû Dâwûd rapporte en effet le hadith bon[1] suivant : On a demandé au compagnon Abû Tha'labah des informations à propos de la parole d'Allâh Vous êtes responsables de vous-mêmes ! (voir le sens de ce verset). Le compagnon a répondu : " Par Allâh ! J'ai questionné le Prophète, sallallâhu 'alayhi wa sallam, à ce sujet, qui m'a répondu : ' Ordonnez aux gens de faire le bien et interdisez-les de faire le mal. Fais cela jusqu'à ce que tu vois que l'avarice et l'envie deviennent largement représentées chez les gens, que la passion est haussée au rang de guide, que les préoccupations religieuses occupent un rang secondaire et que tous les hommes ont des partisans quelles que soient les idées qu'ils prêchent, alors quitte les gens. Il y aura après vous des temps où il faudra faire preuve de grande patience. La patience y sera aussi difficile que de prendre de la braise à pleines mains. Quant à ceux qui oeuvreront, leur récompense équivaudra à celle de cinquante compagnons. ' "


Dans ce hadith, le prophète parle d'une circonstance exceptionnelle, un époque terrible et si dure que le croyant qui oeuvre aura la récompense de cinquante compagnons. Mais on sait que les règles et les permissions exceptionnelles relatives à des circonstances exceptionnelles ne valent pas pour les autres circonstances. C'est ce que dit l'exégète jurisconsulte Ibn-ul-'Arabiyy lorsqu'il évoque ce hadith : " Ces circonstances sont exceptionnelles en raison de ce qu'il n'y aura aucune possibilité de s'opposer aux gens car il sera plus que risqué pour la vie ou pour les biens de présenter la vérité et de la pratiquer. Cette autorisation très spéciale vient d'Allâh comme une Miséricorde pour Ses serviteurs. "

D'autre part, cette autorisation spéciale n'abroge pas l'obligation de pratiquer la hisbah dans toutes circonstances car il y a divers degrés à la hisbah et même dans ces circonstances si exceptionnelles la hisbah avec le coeur n'est pas annulée. C'est ce que dit l'exégète jurisconsulte Al-Jassâs.

Il est en effet permis de cacher sa foi à la condition d'être convaincu dans le coeur de l'authenticité de l'islam et du caractére répréhensible des péchés, comme le dit Allâh :


[...] sauf celui qui y a été contraint alors que son coeur demeure plein de la sérénité de la foi [...]
Sourate 16, An-Nahl, les Abeilles, verset 106

Et ceci est une des manières de pratiquer la hisbah.

En bref, ni la parole d'Allâh Vous êtes responsables de vous-mêmes !, ni le hadith de Abû Tha'labah ne permettent d'abandonner la hisbah. Chaque musulman doit la pratiquer selon ses moyens.
[4] Notez que la chaine de transmission présente un rapporteur qui pose problème. Al-Albâniy considère que la chaîne de transmission est faible mais que le contenu du hadith est, au moins en partie, confirmé par d'autres paroles prophétiques. Et Allâh sait le mieux.
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